Pour un code d’urbanité à vélo
14 août 2025

Le vélo, longtemps célébré comme une mobilité « douce », est aujourd’hui au cœur d’un débat inattendu. Accusé par certains de générer de nouvelles tensions urbaines, il cristallise des oppositions qui interrogent notre façon de vivre la ville. Retour sur une polémique révélatrice et appel à une nouvelle culture cycliste.
Le vélo est-il encore « cool » ?
Pendant longtemps, il a été perçu comme un mode de transport populaire et joyeux, économe et vertueux — bon pour la planète, la qualité de l’air et la santé. Mais depuis quelque temps, une vague de critiques déferle sur le vélo. Ce « bikelash », comme le nomme justement Celine Scornavacca, coprésidente de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), prend de l’ampleur.
Dans Le Monde, Philippe Bernard résume ce retournement de perception dans une chronique au titre cinglant : Le vélo, signe de totale coolitude, s’est mué en symbole d’agressivité, de chacun pour soi et de chaos urbain.
Il y décrit les conflits croissants entre cyclistes, automobilistes et piétons dans les villes, reflétant bien plus qu’une simple guerre des mobilités. Selon lui, cette évolution traduit des clivages sociaux et géographiques exacerbés, ainsi que les tensions autour des mesures destinées à lutter contre le changement climatique.
Autrefois symbole de liberté, de convivialité et d’altruisme, le vélo incarnait un idéal en opposition à l’individualisme de l’automobile. Aujourd’hui, cependant, le cycliste est de plus en plus perçu comme un adepte du « chacun pour soi », remettant en question cette image positive. Les pistes cyclables, devenues des zones de conflit, exaspèrent piétons et automobilistes, tandis que certains cyclistes eux-mêmes reconnaissent les dangers de ce « grand n’importe quoi ».
Pour apaiser ces tensions, Emmanuel Barbe, chargé de mission par le ministre des transports, propose des mesures telles que la formation des conducteurs à la cohabitation avec les cyclistes et l’enseignement de l’usage du vélo à l’école. L’objectif est de lever la méconnaissance mutuelle des usagers de la route et de promouvoir une cohabitation harmonieuse. Comme le conclut Philippe Bernard, « le vélo devait symboliser une autre façon de vivre ensemble », mais il est désormais crucial que « chacun apprenne à vivre avec lui », et que « les cyclistes […] pratiquent l’art de vivre avec les autres ».

Le mercredi 18 juin, dans la matinale de France Inter, un débat animé par Nicolas Demorand, réunissait Celine Scornavacca et l’historien des mobilités Mathieu Flonneau autour d’une question un brin provocante : Le vélo : nouvel objet de clivage politique ? Suite à la forte augmentation du nombre de vélos en circulation, les invités ont partagé leurs perspectives sur les tensions croissantes entre voitures, piétons et vélos dans les villes françaises.
Céline Scornavacca a souligné que ces tensions sont particulièrement palpables dans les zones urbaines denses, tout en notant que 56 % des Français souhaitent accorder plus de place au vélo. Elle a décrit cette évolution comme un « changement sociétal » majeur et reconnu que le vélo, autrefois perçu comme cool et écologique, est désormais aussi vu comme un symbole d’agressivité, de chacun pour soi et une source de conflits dans l’espace public.
Mathieu Flonneau a évoqué la nécessité d’un « processus de civilisation » pour adapter les infrastructures et les comportements à cette nouvelle réalité. Il a mis en garde contre « les effets rebonds potentiellement négatifs » de cette transformation, notamment le chaos urbain ressenti dans les hyper-centres comme Paris. Il a également exprimé sa crainte que l’on ait simplement remplacé « un bien très individualiste par un bien encore plus individualiste », soulignant l’importance de trouver des correctifs et de réglementer, suite à une « dérégulation coupable » décidée pour chasser l’automobile des centres-villes.
Les deux intervenants ont insisté sur l’importance de la civilité et de l’urbanité pour une cohabitation harmonieuse entre tous les usagers de la route. Ils ont également souligné la nécessité de repenser les espaces ruraux et de développer une filière industrielle du vélo en France. Enfin, ils ont convenu que le vélo ne doit pas être vu comme un substitut aux autres modes de transport, mais plutôt comme un complément intelligent qui peut coexister avec les voitures, les transports en commun et les piétons.
Pour un nouvel engagement cycliste ✊
Ces critiques peuvent sembler injustes à celles et ceux qui militent depuis des années pour une mobilité plus douce, plus durable, plus désirable et… plus humaine. Mais ce constat ne doit pas nous décourager. Il doit nous faire réfléchir et réagir.
Chez Eclair, nous pensons que le vélo mérite mieux. Et cela commence par nous, par nos comportements, notre manière d’être dans l’espace public.
C’est pourquoi nous voulons plaider pour un « code d’urbanité » à vélo.
Un engagement volontaire, simple, respectueux :
- Respect des piétons,
- Partage de la voirie,
- Conduite apaisée, respectueuse du code de la route,
- Courtoisie au quotidien.
Nous aimerions que chaque acheteur d’un vélo Eclair s’engage à le respecter. Car ce n’est pas qu’une question de réglementation. C’est une question de culture. Le monde d’aujourd’hui n’a vraiment pas besoin de nouveaux conflits d’usage autour de la mobilité et de l’espace commun.
Mobilisons-nous pour que le cycliste devienne un exemple de civilité.
C’est peut-être à ce prix que le vélo restera cool et symbole de liberté et d’émancipation.