2025, année du rebond pour le marché du vélo électrique en France ?

2025, année du rebond pour le marché du vélo électrique en France ?

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Eclair⚡️

Dans un contexte de décarbonation des mobilités, le vélo électrique s’impose comme une alternative crédible à la voiture en milieu urbain. Après l’euphorie post-Covid, la filière traverse toutefois une zone de turbulences : les stocks se sont accumulés, les ventes ralentissent, et l’ensemble du marché européen s’interroge sur son avenir. Mais ce repli ressemble davantage à une correction de cycle qu’à un essoufflement durable. Tout laisse à penser qu’un rebond est imminent, et la France pourrait devenir l’un des moteurs de cette nouvelle dynamique.

Un cycle de surchauffe… puis de correction sur le marché du vélo électrique

Le marché du vélo électrique a été profondément impacté par deux chocs successifs :

  • La crise sanitaire, qui a provoqué un emballement soudain de la demande et perturbé les chaînes d’approvisionnement.
  • La normalisation post-Covid, où une surestimation de la demande a entraîné un excès de stocks.

Ce déséquilibre conjoncturel pèse aujourd’hui sur les acteurs du secteur. Mais les fondamentaux du marché du vélo électrique restent solides et porteurs à long terme : réduction de l’empreinte carbone des transports, amélioration de la qualité de l’air, urbanisation croissante, réduction de la sédentarité, aspiration sociétale à une mobilité plus douce et plus durable.

Quand l’automobile éclaire le potentiel du vélo électrique

Pour mieux cerner le potentiel du marché du vélo à assistance électrique (VAE) en France, nous avons croisé les données du VAE avec celles d’un marché proche : l’automobile.

Alors que la France affiche une maturité comparable à ses voisins européens sur le marché automobile, l’écart est frappant pour le vélo électrique.

Un coup d’œil à quelques indicateurs illustre ce décalage.

Carte des 4 pays d'Europe analysée : France, Belgique, Pays-bas et Allemagne.

Prix moyen d’un VAE

Les Français dépensent en moyenne 25 % de moins, signe d’un marché encore jeune, avec de nombreux premiers acheteurs souvent orientés vers l’entrée de gamme des grandes enseignes multisports.

Part de marché des VAE dans les ventes de vélos

Le vélo électrique est déjà largement adopté chez nos voisins, tandis que la France reste en phase d’équipement. Le potentiel de croissance est considérable : les ventes annuelles devraient dépasser le million d’unités dans les prochaines années.

Densité de VAE pour 1 000 habitants (16 ans et plus)

Alors que la France affiche une densité automobile comparable à celle de ses voisins (680 voitures pour 1 000 habitants en âge de conduire), elle reste très en retrait sur le VAE : un vélo électrique pour 14 habitants, contre un pour 3 aux Pays-Bas.

Le vélo électrique en entreprise : un gisement encore sous-exploité

Au-delà des particuliers, les entreprises constituent un autre levier de croissance. Là encore, la France accuse un retard marqué par rapport à ses voisins européens. La part modale du vélo sur les trajets domicile-travail n’y atteint que 3 à 4 %, contre 11 % en Allemagne, 15 % en Belgique et 28 % aux Pays-Bas.

Si des dispositifs existent en France – comme le forfait mobilité durable (FMD) ou la réduction d’impôt sur les sociétés pour les flottes de vélos –, leur effet demeure limité. Nos voisins, quant à eux, ont massivement déployé le leasing vélo, rendu attractif par la conversion de salaire et des avantages fiscaux.

En Allemagne, environ 2 millions de vélos de fonction en leasing (« Dienstradleasing ») circulent aujourd’hui, avec une croissance moyenne de +45 % par an entre 2019 et 2023. Près de 80 % des nouveaux vélos de fonction sont électriques, ce qui représente 30 % du total des VAE vendus dans le pays. Le prix moyen d’un vélo électrique de fonction y atteint 3 750 €, soit 36 % de plus que le marché global.

En Belgique, le parc de vélos de fonction en leasing est estimé à 166 800 unités, dont 52 300 nouveaux contrats rien qu’en 2024. Les deux tiers sont électriques, soit 13 % du marché belge du VAE.

Aux Pays-Bas, fin 2024, le parc de « fiets van de zaak » (vélos d’entreprise) s’élevait à 87 000 unités, en hausse de 32 % sur un an. Là aussi, 80 % des contrats concernent des VAE.

En France, quelques pionniers comme Zenride, Tandem, Azphalte, TIM Mobilité, Bee.Cycle ou Lease a Bike, ouvrent la voie du leasing de vélos. Un rapport de France Vélo, publié en juin 2025, a souligné le potentiel de ce marché. Mais pour l’instant, le parc reste limité à environ 20 000 vélos de fonction, alors même que l’accès via l’employeur constitue un puissant accélérateur pour l’adoption du vélo au quotidien.

Un marché porteur, promis à un rôle clé

Mis bout à bout, ces indicateurs révèlent un potentiel colossal. Pour atteindre le niveau actuel de l’Allemagne, il faudrait ajouter au moins 8 millions de VAE au parc français. A raison de 600 000 à 1 million de vélos électriques par an, ce rattrapage pourrait s’étaler sur 10 à 15 ans et représenter un marché annuel supérieur à 2 milliards d’euros, avec des retombées importantes en emplois industriels et en services.

Trois leviers seront déterminants :

  • Un engagement clair des pouvoirs publics,
  • Un déploiement ambitieux d’infrastructures cyclables,
  • Un écosystème robuste allant de la production locale à la maintenance, en passant par la vente et l’occasion.

Et si ce rebond profitait à une filière française responsable ?

Le gisement est là. Réel. Massif. Durable.

La question est désormais : saurons-nous transformer ce rebond en opportunité industrielle pour la France ?

Chez Eclair, nous faisons le pari que cette croissance peut et doit bénéficier à une nouvelle génération de vélos électriques, plus durables, écoconçus et fabriqués en France.

Car au-delà d’un impact sur les ventes de vélos électriques, la transition énergétique des mobilités est une chance unique de concevoir de meilleurs produits et de renforcer le tissu industriel national.

En savoir plus

Sources

  • Union Sport & Cycle, INSEE pour le marché français.
  • ZIV pour le marché allemand.
  • Traxio, SPF Mobilité et Transports pour le marché belge.
  • RAI Vereniging pour le marché néerlandais.